Choc dans l’univers de la télé-cuisine, la Philippe Etchebest américaine, figure emblématique du genre, s’est éteinte à 55 ans.
Philippe Etchebest, une aventure américaine
Difficile de l’imaginer autrement qu’en cuisine, à tempêter sur un service raté ou à redresser un restaurant en perdition. Et pourtant, là, caméra en main, l’homme qu’on connaît si bien sous le nom de Philippe Etchebest traverse les États-Unis, loin des plateaux trop lisses et des mises en scène habituelles. Un chef en vadrouille, un peu hors cadre, à la recherche de cuisiniers de l’ombre, d’histoires humaines plus fortes que les recettes. Et ça fonctionne. Il est plus brut, plus direct, parfois touchant, souvent inattendu. Entre deux étapes sur la route, il raconte qu’il jouait de la batterie dans un groupe de rock. Une confidence qui claque comme une cymbale et qui, à sa manière, casse l’image figée du chef autoritaire. Cette émission, Un chef au bout du monde, c’est un bol d’air dans son parcours. Mais le voyage va prendre un tournant étrange, presque irréel, au moment même où une nouvelle tragique tombe. Une cheffe américaine adorée du public vient de disparaître. Et ce n’est pas une inconnue.
L’ombre d’un double
La coïncidence est troublante. Alors que la série de Philippe Etchebest commence à faire parler d’elle en France, la presse américaine annonce la mort d’Anne Burrell, une personnalité phare de la télé culinaire aux États-Unis. Et très vite, un surnom revient en boucle sur les réseaux, dans les médias, partout : « la Philippe Etchebest américaine ». Une comparaison qui ne sort pas de nulle part. Même énergie, même franchise, même manière de ne jamais tricher avec le public. Elle aussi, elle ne supportait pas la médiocrité. Elle avait ce truc de dire les choses comme elles sont, quitte à bousculer. Mais toujours avec du cœur.
Anne Burrell, ce n’était pas seulement une cheffe. C’était une figure. Une femme libre, cash, qui envoyait valser les conventions. Son émission Worst Cooks in America faisait un carton. Pas parce que c’était drôle de voir des casseroles cramées, mais parce qu’on voyait quelqu’un croire en des gens que tout le monde pensait irrécupérables. Et souvent, elle y arrivait. Elle transformait un désastre en plat mangeable, parfois même réussi. Pas besoin de mise en scène, elle était elle-même, point.
On l’adorait aussi pour son style. Cheveux peroxydés, tenues qui pètent, sourire qui ne se force jamais. Elle avait une manière bien à elle de faire passer la rigueur sans la lourdeur. Même face à Bobby Flay, dans un épisode spécial, elle garde sa ligne, épaulée par Gigi Hadid, plus surprenante que vraiment utile. Mais le duo fait le job. Elle assure, elle fédère, elle brille.
Une flamme éteinte, une onde de choc mondiale
Le 17 juin 2025, c’est Brooklyn qui retient son souffle. Anne Burrell s’éteint, sans prévenir. Une femme solaire, enthousiaste, engagée, respectée. Son décès provoque une vague d’émotion rare. Les messages pleuvent. Chefs, anciens candidats, amis, inconnus : tout le monde a un mot. Elle avait cette capacité à inspirer, même de loin. Sa cuisine n’était pas qu’un savoir-faire, c’était une présence. Un moyen de dire au monde : voilà qui je suis, prenez ou laissez. Elle ne jouait aucun rôle.
Les hommages insistent sur son rire. Ce rire qui débarquait comme un éclair dans une pièce, qui laissait tout le monde un peu plus léger. Le magazine People parle d’un « enthousiasme contagieux ». Ce n’est pas exagéré. Dans un monde parfois figé, elle bougeait les lignes sans faire de bruit. Son engagement LGBTQ+ était assumé, sans militantisme à outrance, mais avec fierté et douceur. Elle aimait, elle vivait, elle assumait. En 2021, elle épouse Stuart Claxton. Un mariage émouvant, simple, sincère.
Et pendant ce temps, à des milliers de kilomètres, Philippe Etchebest poursuit sa route. Il découvre, il s’étonne, il écoute. Mais cette disparition, même indirectement liée, résonne fort. Parce que ces deux-là partageaient plus qu’un métier. Une façon d’être, une vision du travail, une absence totale de filtre.
C’est peut-être ça, finalement, qui lie Philippe Etchebest à cette histoire. Pas seulement une ressemblance de caractère ou une comparaison facile. Mais une fraternité invisible, une posture de vie. Quand il apprendra la nouvelle, il n’en fera pas un drame télévisé. Il laissera peut-être un silence, un regard. Une pensée pour une femme qu’il n’a peut-être jamais rencontrée, mais dont il aurait pu être le miroir.