À seulement 35 années-lumière, une nouvelle exoplanète intrigue les scientifiques. Elle pourrait bien réunir les conditions idéales pour la vie.
Quand on pense à la vie ailleurs dans l’univers, on imagine souvent des mondes lointains inaccessibles. On les voit noyer dans les confins d’une galaxie. Et pourtant, certains trésors se trouvent juste à côté. Enfin, à l’échelle cosmique. Une exoplanète vient justement d’attirer l’attention des chercheurs. Elle est à seulement 35 années-lumière de la Terre. Pas une planète seule dans son coin, non. Elle fait partie d’un système compact étonnamment riche. Et c’est là que ça devient vraiment intéressant.
Une famille de mondes pas comme les autres
L 98-59. Pas très poétique, mais c’est le nom de l’étoile. Une naine rouge discrète, nichée dans la constellation du Poisson volant. Elle ne paie pas de mine, mais elle héberge déjà quatre planètes rocheuses, bien réelles, confirmées depuis quelques années. Leur découverte, c’est un travail d’équipe entre plusieurs instruments de haut vol. D’abord le télescope Tess de la NASA. Puis le spectrographe Espresso de l’Observatoire européen austral. Les chercheurs de l’Université de Montréal ont repris toutes ces données. Elles les ont croisées, comparées, affinées. Ce qu’ils ont trouvé mérite qu’on s’y attarde.
Ces quatre exoplanètes ne se ressemblent pas vraiment. La première est minuscule, presque une demi-Terre, un monde secoué peut-être par des volcans, chauffé par les forces de marée. Sa voisine, un peu plus grande, pourrait connaître le même sort. La troisième sort franchement du lot : un rayon de 1,63 fois celui de la Terre, mais une densité beaucoup plus faible. Une exoplanète océan ? L’idée est sur la table. La dernière de la série est plus massive, presque trois fois la Terre. Et toutes tournent sur des orbites quasi circulaires, un détail qui n’est pas anodin quand on s’intéresse à la stabilité des systèmes.
Une cinquième venue qui change la donne
Et voilà qu’arrive la cinquième planète. Celle que les chercheurs n’espéraient pas forcément, mais qu’ils ont fini par repérer en fouillant dans les données déjà existantes. Ils n’ont même pas eu besoin de nouveaux relevés, juste d’un regard différent. En filtrant les parasites générés par l’étoile elle-même, en affinant la lecture des vitesses radiales et des variations de température, ils ont fait émerger un signal net. Un monde tellurique, pas très gros, mais placé pile là où il faut.
Cette exoplanète tourne autour de L 98-59 en seulement 23 jours. Une année éclair, mais pas anormale pour une naine rouge. Surtout, elle reçoit à peu près autant d’énergie de son étoile que nous du Soleil. Ce qui la place dans la fameuse zone habitable. Il pourrait donc y avoir de l’eau liquide à sa surface. Pas de certitude, mais une vraie possibilité. Et ça, pour les astronomes, c’est une petite bombe. Charles Cadieux, l’un des chercheurs, parle d’une découverte excitante. Et on comprend pourquoi.
Trouver une planète tempérée dans un système aussi compact, c’est rare. D’autant que ce système-là est juste à côté. Et que la diversité de ses mondes rocheux en fait une cible de choix pour le télescope spatial James-Webb. On ne parle plus d’un système hypothétique, perdu dans les chiffres. On parle d’un endroit bien réel, que l’on peut observer dès maintenant, et qui pourrait même, avec un peu de chance, nous révéler des signes de vie.
Observer, comprendre, espérer
Ce qu’on découvre avec L 98-59, c’est que l’univers n’a pas fini de nous surprendre. Un système aussi dense, aussi diversifié, à deux pas de nous, ce n’est pas banal. Les astronomes y voient une sorte de laboratoire naturel. Un endroit pour tester nos modèles, affiner nos méthodes, et surtout, pour comprendre ce qui fait qu’une planète peut abriter la vie ou non.
Chaque exoplanète de ce système raconte une histoire différente. Petits mondes chaotiques, océans possibles, surchauffes internes… Et au milieu de tout ça, une candidate sérieuse pour la vie. Il reste encore beaucoup à faire. Il faudra pointer les télescopes, analyser les atmosphères, chercher des biosignatures. Mais au moins, on sait où regarder. Et c’est déjà beaucoup.
L 98-59, malgré son nom un peu froid, est devenu l’un des systèmes les plus étudiés du moment. Pas seulement parce qu’il est proche, mais parce qu’il rassemble tout ce qu’on cherche dans l’exploration spatiale : des mondes nouveaux, des mystères à résoudre, et cette idée qui ne nous lâche jamais, celle que nous ne sommes peut-être pas seuls.