Une découverte historique au large de la Pologne pourrait bouleverser l’équilibre énergétique européen avec un gigantesque gisement de pétrole en mer Baltique.
Un frisson d’or noir traverse la mer Baltique. Un gisement de pétrole inattendu réveille les ambitions énergétiques de la Pologne.
Un gisement de pétrole inédit
À quelques encablures de Świnoujście, une découverte inattendue vient bousculer les cartes. Le champ offshore Wolin East, révélé par la société canadienne Central European Petroleum, dépasse tout ce qu’on avait imaginé dans la région. Plus vaste que n’importe quel autre site connu en Pologne, il propulse le pays au centre des regards européens. Ce gisement de pétrole, le plus important depuis la Seconde Guerre mondiale dans la zone, pourrait changer la donne, pas seulement pour Varsovie, mais pour tout le Nord de l’Europe. Pas de promesse tapageuse ici, mais un chiffre brut : 22 millions de tonnes de brut, directement exploitables, accompagnés de 5 milliards de mètres cubes de gaz commercialisable. C’est massif. Suffisant pour envisager une autre forme de souveraineté énergétique.
Et pourtant, la question plane : ce trésor est-il une révolution ou juste un signe avant-coureur d’un avenir énergétique plus dense ? Le PDG de CEP y voit un « moment historique ». Difficile de contester l’ampleur technique du projet. Forage dans 9,5 mètres d’eau seulement, mais descente à 2 715 mètres de profondeur, grâce à l’expertise combinée de Noble Corporation et Zenith Energy. L’ensemble de l’opération s’est déroulé à quelques kilomètres des terminaux qui, jusqu’ici, recevaient 97 % du pétrole consommé par la Pologne. Ironie de l’histoire : ce territoire d’importation pourrait bien devenir territoire de production.
Une mer Baltique sous tension
La Pologne marche sur une corde raide. Elle s’affirme comme l’un des pays les plus dynamiques sur le front des énergies renouvelables. En juin 2025, ces dernières ont dépassé 44 % de la production électrique du pays. Mais dans le même temps, elle reste accro aux importations pour son pétrole. Le contraste est saisissant. D’un côté, des éoliennes qui tournent à plein régime. De l’autre, des oléoducs norvégiens et des tankers accostant à Gdańsk ou Świnoujście pour alimenter les besoins quotidiens. Ce gisement de pétrole pourrait-il casser ce double mouvement ? Pas vraiment, à en croire plusieurs experts du secteur.
Piotr Woźniak tempère les ardeurs : 22 millions de tonnes, c’est à peine ce que les raffineries polonaises traitent en une année. Wojciech Jakóbik, lui, va plus loin : pas de bascule énergétique majeure à l’horizon. Mais un signal, oui. Un appel d’air pour d’autres forages, d’autres tentatives, d’autres paris dans cette mer Baltique encore trop peu explorée. Ce n’est peut-être pas la fin de la dépendance, mais c’est un pas. Et chaque pas compte quand on avance dans un brouillard énergétique mondial.
Investir la mer, dompter les ressources : un pari sur l’avenir
Ce qui rend cette découverte si fascinante, ce n’est pas uniquement le volume du brut. C’est ce qu’elle sous-entend. L’existence même d’un tel gisement de pétrole au large des côtes polonaises remet sur la table toute la géographie énergétique de la région. Si un tel gisement existe, il y en a peut-être d’autres. Plus vastes, mieux placés, encore enfouis. Pour Varsovie, cette annonce arrive au bon moment : en plein virage écologique, avec un œil sur l’Europe et l’autre sur sa propre sécurité. Le timing est presque parfait.
Cette trouvaille agit comme une piqûre de rappel. Le sol cache encore des ressources. La mer, elle aussi, a ses secrets. Et dans une Europe qui cherche à se détacher de ses dépendances, chaque baril local prend une valeur stratégique. On ne parle pas ici de conquête ou de victoire. On parle d’opportunité, d’élan. De cette petite secousse capable de déclencher une série de mouvements plus grands.
Le gisement de pétrole de Wolin East ne fera pas basculer l’Europe en autarcie énergétique. Mais une chose est sure : la Pologne n’a pas encore tout montré ni la mer Baltique.