À Magny-en-Vexin, seize réparateurs auto haussent le ton pour dénoncer l’arrivée de Norauto, perçue comme une menace directe.
L’arrivée de l’enseigne Norauto ne fait pas que du bruit : elle fait trembler les garagistes locaux, déjà fragilisés.
Norauto s’installe, les indépendants s’inquiètent
À Muzillac, l’annonce est tombée sans prévenir. L’enseigne Norauto ouvrira ses portes dans la zone de l’Espace Littoral. Pour seize professionnels de la réparation auto déjà implantés sur le secteur, c’est un coup dur. Mardi, à 11h30, une poignée d’entre eux s’est réunie autour de Jacky Rozé, figure connue du Centre Auto avenue du Général-de-Gaulle. Objectif : alerter les élus. La délégation a été reçue par André Pajolec, président d’Arc Sud Bretagne. L’ambiance était tendue, mais respectueuse. Le message, lui, n’a laissé place à aucune ambiguïté.
« On est dans le flou total, et nos emplois sont en jeu », lâche l’un d’eux. Ce qui énerve autant que l’implantation en elle-même, c’est l’absence de dialogue. Aucun courrier, aucune réunion, aucun signal, rien. Juste un bruit qui court, puis une confirmation tombée sans explication. Pour ces artisans de la mécanique, déjà soumis à une concurrence féroce, voir débarquer une enseigne Norauto avec ses prix cassés et son marketing huilé, c’est une menace directe. C’est un combat de plus.
Une implantation floue dans un terrain déjà fragile
La grogne dépasse les limites de Muzillac. Un garagiste venu de Berric s’est joint à la délégation. Il a pris sa matinée pour dire, lui aussi, que ça suffit. Le terrain où la future enseigne Norauto doit s’implanter n’est pas neutre. Ce local jouxtant Netto servait autrefois à du commerce de détail. Le transformer en atelier mécanique ne va pas de soi. Jacky Rozé l’a bien compris. Il demande à voir tous les éléments réglementaires liés à ce changement d’usage.
André Pajolec, de son côté, joue franc jeu. Il admet découvrir l’affaire, avec un brin de gêne. La communauté de communes, selon lui, ne pilote rien. Il s’agirait d’une simple transaction entre privés. Pas de projet public, pas d’intervention directe. Mais ce flou ne calme personne. À l’époque de la création de cette zone, un comité de pilotage existait. Il permettait aux petits commerces locaux d’avoir voix au chapitre. Aujourd’hui, ce comité n’est plus consulté. Et c’est bien ce silence-là qui fait monter la tension.
Pajolec promet de recevoir le vendeur du bâtiment la semaine prochaine. Il prévoit aussi de se rapprocher de la CDAC, la commission départementale d’aménagement commercial. L’affaire, visiblement, ne fait que commencer. Et les garagistes ne comptent pas lâcher.
Les petits acteurs de la mécanique se sentent écartés
Ce qui pèse dans cette histoire, ce n’est pas seulement l’arrivée de l’enseigne Norauto. C’est le sentiment d’abandon. Une fois de plus, les indépendants ont la désagréable impression de découvrir un projet en bout de course, trop tard pour agir. Ils ne sont pas contre la concurrence. Ils la vivent au quotidien. Ce qu’ils dénoncent, c’est l’absence de cadre, de parole échangée, de règles du jeu équitables.
L’Espace Littoral a du mal à se relancer, c’est vrai. La zone Vannes-Séné prend une ampleur folle. Et tout le monde cherche des idées pour rester dans la course. Mais à quoi bon booster l’attractivité si c’est au prix de ceux qui ont tenu bon pendant des années ? Les petits garages, souvent familiaux, ont tissé un lien avec la population. Ils ont résisté aux vagues de crises, aux changements de normes, aux géants de l’e-commerce. Voir leur travail fragilisé en silence, sans débat, c’est ce qui les révolte.
Norauto, elle, avance. Mais sur le terrain, le dialogue reste à construire. Et ça ne se fera pas sans bruit.