À 33 ans, ce couvreur voyait ses douleurs comme de simples courbatures, sans imaginer que son corps cachait un cancer.
Il pensait juste à une fatigue passagère, le genre de douleur qu’un peu de repos finit par calmer. Mais sous la peau, une tout autre histoire était en train de se jouer. En quelques mois, le quotidien de ce couvreur a basculé sans retour à cause d’un cancer.
Quand le mal ne vient de l’intérieur
Stephen Lea a 33 ans, un métier physique, et cette habitude de serrer les dents. Il grimpe sur les toits du matin au soir, il soulève, il se plie, il encaisse. Alors quand son dos a commencé à lui faire mal à l’automne 2023, il n’a pas vraiment tiqué. Une gêne persistante, oui, mais pas de quoi alarmer un homme habitué aux courbatures. Il s’est allongé sur le sol, a tenté de détendre les muscles, a espéré que ça passe tout seul. Mais les douleurs n’ont pas reculé. Elles ont pris de l’ampleur, envahissantes, sourdes, épuisantes.
Il a fini par consulter, plusieurs fois. On lui a parlé de tensions musculaires, d’usure liée à son métier. Rien d’anormal, pour un couvreur sans le savoir. Jusqu’au jour où un IRM, en janvier, a levé le voile. Lymphome non hodgkinien, stade 4. En langage simple : un cancer du système lymphatique déjà bien avancé. Une phrase qu’aucun trentenaire n’est préparé à entendre. Il est resté sept heures à l’hôpital ce jour-là, à attendre les résultats. Quand les médecins sont revenus, ils ne l’ont pas laissé repartir. Il a été immédiatement placé sous perfusion, pris dans le tourbillon du protocole médical. Son monde venait de rétrécir à une chambre d’hôpital.
Quatre traitements et des espoirs
La suite, Stephen l’a vécue avec une force qu’il ne pensait pas posséder. Il a enchaîné les séances de chimio, les traitements d’immunothérapie, les radiations, les cellules modifiées pour lutter contre la tumeur. Il a suivi tout ce qu’on lui a proposé, sans sauter une étape. Pendant un temps, il a cru que ça allait marcher. Six cycles plus tard, il sentait une porte s’ouvrir. Mais les examens ont raconté autre chose. Le cancer résistait. Il progressait. Et les options s’amenuisaient. On lui a dit qu’il n’y avait plus de traitement standard à tenter, que la situation était incertaine. Pas de pronostic, pas de chiffres. Juste cette sensation glaçante que la ligne d’arrivée pouvait se rapprocher à toute vitesse.
Il continue de se battre, malgré tout. Et, il sait que le temps est court. Il l’estime à deux mois, peut-être un peu plus, peut-être moins. Personne ne lui donne de date. Il a tenté un dernier protocole d’urgence, sans résultat. Ce moment-là, il l’a décrit comme un point de rupture. Le moment où même les médecins ont baissé les bras, mais lui non. Il veut rester debout. Il espère être encore là en octobre, puis en novembre. Parce que ce couvreur, que le sort n’a pas épargné, n’a pas renoncé à se battre contre son cancer.
Entre dignité et rage de vivre, le combat continue
La maladie a tout pris : l’énergie, le travail, l’insouciance. Mais elle n’a pas volé sa volonté. Stephen parle franchement, sans détour, de la suite. Il ne sait pas si la fin sera douloureuse. Il l’espère douce, mais il se prépare à l’affronter avec la même ténacité qu’il a toujours eue sur les chantiers. Le cancer, dit-il, est aussi têtu que lui. Et c’est ça qui rend la lutte si éprouvante. Il ne veut pas être vu comme un héros ni comme une victime. Il veut simplement vivre ce qu’il reste à vivre avec ses mots, son courage, sa vérité.
Le témoignage de ce couvreur atteint d’un cancer résonne bien au-delà du médical. Il nous renvoie à cette fragilité qu’on préfère ignorer. À ces douleurs qu’on banalise. À ces vies qui peuvent basculer alors qu’on pensait juste avoir besoin de repos. Dans ses mots, il n’y a ni pathos ni plainte, juste une lucidité brute. Et l’envie de prouver qu’on peut encore tenir debout, même quand tout vacille.
Aujourd’hui, il ne rêve pas de miracle. Il veut juste traverser les jours qui viennent sans lâcher prise. Ce couvreur continue de grimper, à sa manière, un jour après l’autre.