Chaque année, des milliers de Français fuient la routine pour découvrir un pays totalement inédit, prêt à franchir le pas vers l’euro.
On pourra bientôt y régler son café à 1 €, sans changer un billet. Un petit pays d’Europe de l’Est s’apprête à faire un grand saut.
Passage à l’Euro : un tournant pour la Bulgarie
Le passage à l’Euro ne se vit pas tous les jours, surtout plus de vingt ans après la première vague. Et pourtant, la Bulgarie est sur le point de rejoindre le club. L’avis de la BCE est tombé, et sauf retournement, c’est pour début janvier que tout bascule. Un lev troqué contre une pièce, et c’est tout un pays qui s’apprête à tourner la page.
Officiellement, c’est une bonne nouvelle, pour les touristes, surtout. Environ 14 millions de visiteurs arpentent les plages et les montagnes bulgares chaque année, dont 200 000 Français. Pas besoin de convertir, pas de frais de change, tout sera plus simple. Et pour ceux qui aiment les voyages abordables, difficile de faire mieux. Un coût de la vie inférieur de 30 %, une capitale accessible en quelques heures de vol, des côtes tranquilles et encore préservées… Le pays coche pas mal de cases. Le hic ? Sur place, l’accueil de cette réforme est loin d’être unanime. Près d’un Bulgare sur deux y est opposé. L’autre moitié est partagée entre espoir et méfiance.
Un projet européen qui divise, mais avance
Le passage à l’Euro ne tombe pas du ciel. La Bulgarie y travaille depuis des années, poussée par une volonté politique claire. Le pays a beau être membre de l’Union depuis 2007, il avait conservé sa monnaie nationale, le lev. Mais les gouvernements successifs, souvent instables, n’avaient jamais pu faire aboutir le dossier. Depuis 2021, c’est l’instabilité chronique : sept élections en quelques années, des gouvernements qui s’effritent aussi vite qu’ils se forment… Malgré tout, le cap est maintenu. Le gouvernement actuel veut cette adhésion, même sans référendum. L’Europe, pour lui, c’est la voie à suivre.
Mais les chiffres de l’Eurobaromètre sont parlants : 50 % de la population reste farouchement opposée à cette nouvelle ère monétaire. Ils n’ont pas oublié les hausses de prix dans d’autres pays après l’adoption de l’euro. Et même si les autorités promettent que tout est sous contrôle, que la conversion sera maîtrisée, la peur d’une flambée des prix est bien réelle. Surtout pour les ménages modestes, qui vivent déjà avec peu.
Une ouverture économique… et touristique
Pour la Bulgarie, le passage à l’Euro est aussi un pari économique. Le pays regarde vers l’Ouest, sans totalement tourner le dos à l’Est. C’est un territoire encore en équilibre entre deux influences, mais qui cherche clairement à attirer de nouveaux investisseurs, plus de touristes, davantage de stabilité financière. Et ce changement de devise pourrait y contribuer. L’image d’une Bulgarie plus « européenne », plus accessible, moins opaque. Le genre de destination où on se sent vite à l’aise, où l’on peut encore s’offrir un repas complet pour moins de dix euros, et un café à 1 €.
Les professionnels du tourisme, eux, y voient déjà une opportunité. Les prix très attractifs sont une carte maîtresse. Une bière à 2 €, une nuit en bord de mer pour une poignée d’euros, des paysages variés et un accueil chaleureux… Tout est là pour séduire. Le passage à l’Euro pourrait bien finir de convaincre ceux qui hésitaient encore, freinés par la monnaie locale ou les perceptions floues.
Reste à voir comment les habitants vivront cette transition, et si le quotidien n’est pas trop chamboulé. Car derrière l’annonce officielle et les promesses d’harmonisation, il y a toujours les réalités concrètes : les petits salaires, l’inflation qui guette, la peur du changement. Une certitude : cette évolution ne laissera personne indifférent. Le passage à l’Euro, en Bulgarie, c’est plus qu’un simple changement de monnaie. C’est une bascule culturelle, politique, économique. Une page qui se tourne à la vitesse d’un billet qu’on glisse dans une machine.